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Ce 6 février (ainsi que les deux jours suivants) est la journée mondiale sans smartphone, et l’on peut déjà parier qu’une bonne partie de nos lecteurs n’auront pas changé leurs habitudes, même pour 24 heures. Cette opération est d’abord évidemment symbolique, mais il est tout de même légitime de se demander si « la journée sans smartphone » a un réel intérêt. Le « créateur » de cette journée, l’écrivain français Phil Marso, souhaitait avant tout nous faire réfléchir sur nos usages parfois obsédants de nos appareils mobiles, l’accent étant plus mis sur la fréquence de cet usage que sur son contenu.
Cibler la fréquence, c’est peut-être sur ce point que la journée sans smartphone rate un peu le coche. Car ce qui est généralement critiquable concernant un outil technologique particulier, ce n’est pas le fait que l’on s’en serve souvent (critiquerait-on quelqu’un qui ne fait que lire par exemple, ou qui dévorerait des films à longueur de journée ?) mais bien ce que l’on en fait. Le visionnage immodéré de vidéos TikTok par exemple, on commence à avoir quelques données scientifiquement sourcées qui démontrent que cela a un impact négatif sur nos facultés cognitives. Regarder des shorts YouTube ou rester sur les RS pendant des heures durant, voilà qui n’est sans doute pas l’occupation la plus enrichissante pour un individu moyen. Force aussi est de reconnaitre que ce n’est pas la même chose que de se mater en ligne un cours de psycho-evo du très bon Debove voire de jouer à un titre indé superbement conçu.
Alors certes, la crainte de ne pas avoir son smartphone toujours sur soi – logique au final au vu de la myriade de données que l’on y trimballe sans compter la possibilité d’être joignable à tout moment – peut tourner au pathologique (on appelle cela la nomophobie), mais encore une fois, certains ne sortent jamais sans un livre, et l’on irait pourtant pas leur chercher des poux dans la tête et inventer des mots compliqués pour autant. Cibler l’appareil plutôt que l’usage réel que l’on en fait donne ici l’impression d’une posture anti-technologique à priori : il ne s’agit pas de mieux utiliser son smartphone mais de pouvoir s’en passer, un leitmotiv déjà (trop) entendu pas les amateurs de jeu vidéo. Pas étonnant au final qu’un écrivain « papier crayon » soit à l’origine de tout cela…
C’est aussi cette posture un peu anti-tech sur les bords qui explique l’obsession du temps d’écran, une donnée qui n’aura pourtant plus vraiment de sens lorsque nous aurons tous (si si) des lunettes de réalité mixte vissées sur le crâne. 2, 3 ou 6 heures devant l’écran de son smartphone, en quoi cela serait grave dans l’absolu, hormis le fait que ce n’est peut-être pas très bon pour la vue ? En revanche, 6 heures d’affilée à TikTok, il n’est pas certain que le cerveau s’en sorte indemne… Dans une société moderne et technologiquement avancée, il est en fait normal que notre quotidien soit rempli d’appareils sophistiqués (c’est vrai depuis la première radio ou machine à laver), et le risque n’est pas tant de vivre au milieu de toute cette technologie que de faire des choses ineptes avec…
C’est un air connu : le jeu video, le smartphone, comme la télé ou le walkman en leur temps , peuvent véhiculer des contenus de qualité et d’autres d’une médiocrité à faire frémir, idem pour les usages, qui peuvent aller d’une sur-passivité (y compris et surtout intellectuelle) à des interactions gratifiantes ou à une gymnastique enrichissante pour l’esprit (les fameux contenus « qualitatifs »). Et si, au lieu de fantasmer sur un monde low-tech ou no-tech, on réfléchissait plutôt, et vraiment, sur nos niveaux d’exigence ?
On osera avancer ici que si ces exigences ne sont pas mises sur la table, c’est en grande partie parce qu’il serait bien difficile d’incriminer les méchants boomers coupables de tout : les jeunes sont en effet sur-représentés sur TikTok, tant du côté « créateur » de contenu que du côté spectateur, et il en va de même pour la consommation de shorts YouTube, les addictions monomaniaques à Fortnite (et autre GAAS toxique), les contenus complotistes ou le succès absurde des films Marvel. Celui qui prétend se soucier vraiment du rapport de l’homme avec la technologie devrait peut-être aussi se soucier d’abord du rapport qu’entretiennent ses propres enfants avec la technologie, et ne pas oublier au passage qu’il est le principal responsable de l’éducation et de la soif d’exigences qu’il leur laissera.
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24 Nov. 2024 • 14:35
24 Nov. 2024 • 9:31
24 Nov. 2024 • 9:08
24 Nov. 2024 • 8:15
Vous êtes complètement à côté de la plaque. Je n’ai jamais été contre la technologie. ;-)
Phil Marso