TENDANCES
Comparateur
- AUTO
C’est au détour d’un très long billet très verbeux au sujet de Daesh que l’écrivain Yann Moix (aussi chroniqueur dans l’émission On n’est pas Couché) a tenté un parallèle improbable entre les terroristes et … les chasseurs de Pokémon. Le plus incroyable ici est sans doute le TYPE d’argument que Moix essaie de faire passer pour justifier son propos : « Dans un monde où des individus normalement constitués, ou supposés comme tels, sont capables, au risque parfois de leur vie, de passer des heures entières à capturer des Pikachu dans la nature, confirmant dès lors que la frontière jusque-là naturelle de la virtualité et de la réalité, du faux et du vrai, est désormais abolie, on aura du mal à s’étonner que des tireurs, des égorgeurs, des piétiner, des dynamiteurs, des snipers, des crémateurs et des décapiteurs sachent exactement où se situe la barrière entre la vie et sa négation. »
« Tout ce qui est excessif est aussi insignifiant » dit-on…Yann Moix devrait méditer l’adage
Ainsi donc, Yann Moix considère à priori tous ceux qui s’adonnent à Pokémon Go comme de parfaits abrutis incapables REELLEMENT de faire le distinguo entre la réalité et le virtuel, laissant de côté toute réflexion sur l’imaginaire, le goût enfantin de la chasse au trésor, ou tout simplement le plaisir nostalgique de retrouver les personnages de son jeu vidéo favori au coeur même de son quartier ou de sa ville. Cette réduction ab absurdo du gamer à une entité débile incapable de tout rapport sensé au réel – il ne vient jamais à l’idée de Yann Moix que l’espace du jeu est justement une parenthèse voulue et souhaitée avec les codes fonctionnels de la vie de tous les jours, à l’instar des fantasmes sexuels…ou d’une bonne séance de cinéma – semble elle-même… déconnectée de tout réel (sans être pour autant virtuelle, les amalgames stupides ce n’est pas ici); car dans le monde réel justement, le gamer sait parfaitement où se situe la frontière entre le réel et le virtuel (et pour cause, lui en connait parfaitement les limites technologiques).
Soyons clair : le fait de voir un personnage en réalité augmentée au travers de mon smartphone n’implique pas que soudain le cerveau se fasse la malle au point de considérer que le personnage AR se trouve REELLEMENT devant mes yeux. Au pire, je peux l’imaginer, sans me faire d’illusions par ailleurs…La confusion virtuel-réel vient souvent de ceux qui ne connaissent pas vraiment (ou pas du tout) ces nouvelles technologies, et en fantasment les conséquences…
Sur le fond, la réflexion de Moix fait tristement l’impression d’être celle d’un « vieux crouton » (nous sommes pourtant de la même génération, ce n’est pas une question d’artères ici) qui ne sait tout simplement pas ce dont il parle, et qui fantasme d’autant plus la « réalité » technologique que cette dernière se situe très loin de lui et de son esprit. Ce que l’on a jamais appris à penser, on finit par le délirer en quelque sorte. Et la preuve du « délire » de Moix ici, c’est le rapprochement absurde et moralement douteux entre les joueurs de Pokémon Go et les terroristes de Daesh, comme si le fait supposé de ne pas « faire le distinguo entre la réalité et le virtuel » (ce qui n’est pas vraiment le cas, malgré les déchainements d’enthousiasme parfois ridicules) pouvait être sérieusement mis sur le même plan que l’abolition du jugement moral qui permet de retirer la barrière « entre la vie et sa négation« . Seule une logique de sophiste, à petits pieds, peut ainsi amalgamer ce qui n’a de facto rien à voir, comme s’il fallait à tout prix que le gamer incarne le PIRE de la société moderne, ce qui en creux dénote un fond de pensée beaucoup plus réactionnaire et simpliste que l’ « image » intellectuelle que Yann Moix souhaite visiblement donner de lui à longueur de colonnes.
Ces considérations mises à part, cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y aurait RIEN à dire sur ces foules de jeunes gens collés le nez à leur smartphone pour chasser du Pikachu ou du Salamèche, mais ce n’est pas en insultant d’emblée l’intelligence des geeks (dont nombre d’études montrent d’ailleurs qu’ils ont un QI généralement plus élevé que la moyenne), et en leur attribuant une connivence délirante avec les processus mentaux et psychologiques de tueurs de masse, que l’on fera réellement avancer la réflexion sur les dérives d’un monde de plus en plus inter-connecté.
Real-Debrid, un débrideur français qui est réputé pour le téléchargement et le streaming de films et de...
Microsoft a annoncé avoir obtenu le blocage de 240 sites liés à un réseau de cybercriminels, après avoir lancé...
C’est la grosse boulette de la semaine : si l’on en croit un dépôt de la cour de justice, les ingénieurs d’OpenAI...
La Bagnole (ça ne s’invente pas), un véhicule électrique conçu et fabriqué part une startup française,...
Des chercheurs britanniques de l’université de Birmingham ont développé une nouvelle théorie décrivant les...
22 Nov. 2024 • 14:56
22 Nov. 2024 • 12:50
Je delete et vous laisse dans vos tristes vies numériques