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Narcos, la nouvelle série produite par Netflix, se donne pour objectif de saisir les portraits de quelques uns des narco-traficants (Narcos) les plus « célèbres »; pour cette première saison, le choix du plus grand, du plus riche et certainement du plus cruel de tous les contrebandiers, Pablo Emilio Escobar Gaviria (dit Pablo Escobar) apparaissait des plus logiques mais aussi des plus complexes; en effet, le règne d’Escobar – qui dura du milieu des années 70 jusqu’à la date de sa mort en 1993 – sa vie, ses crimes et ses mauvais coups de génie, composent une toile tellement dense qu’on se demandait bien comment Netflix allait se tirer de ce sacré sac de noeuds. Au final, le bilan est plus que positif, et ce pour deux raisons principales: la qualité du jeu d’acteur de Wagner Moura (qui interprète Pablo Escobar), et le rythme haletant du récit, parfois même trop rapide à force de vouloir faire tenir la « carrière » d’Escobar en seulement 10 épisodes d’une cinquantaine de minutes.
Wagner Moura a sorti le grand jeu pour incarner Escobar
Et justement, ce récit de la vie d’un brigand – incroyable par bien des égards – est raconté par la voix de Steve Murphy, l’un des agents de la DEA (Les flics anti-drogue américains) aux trousses d’Escobar; ce choix d’une voix-off placée du « bon côté » est d’ailleurs sans doute l’idée la moins bien exploitée de la série, principalement parce que cela aboutit à « sur-interpréter » comme une redite ce que l’on voit à l’écran et qu’il est largement possible de juger par soi-même; ce point de vue un tantinet « moralisateur » prend d’ailleurs parfois des airs désagréables d’ « auto-satisfaction pro-américaine » lorsqu’il s’agit même d’expliquer le courage d’un juge colombien face aux cartels par le double jeu des services américains (histoire d’enfoncer le clou que sans eux décidément, personne ne se serait levé face à Escobar…); plus désagréable encore, le fait que Murphy tente plusieurs fois de justifier moralement ses propres crimes et dérapages hors-des-clous « légaux »par une étrange logique du « tous les moyens sont bons pour arrêter El Diablo Escobar » alors même que c’est cette logique, inversée bien entendu, qu’Escobar utilise pour son propre compte. Et si on laissait penser tranquillement le spectateur afin qu’il puisse juger par lui-même du contenu – moral ou pas, justifiable ou pas – de ce qui lui est présenté à l’écran ?
L’agent Murphy paraît bien « fade » à côté d’Escobar…
Malgré donc la verve souvent désagréable de Murphy, il n’en reste pas moins que la série se laisse regarder avec plaisir, voire même avec une certaine gourmandise. Et cela, on le doit essentiellement au brésilien Wagner Moura, qui livre ici une interprétation absolument superbe et vraisemblable d’un Pablo Escobar croqué ici comme un homme capable d’affabilités avec les membres de son clan et de sa famille, mais qui peut aussi sur un simple regard décider de la mort de plusieurs hommes, quand il ne les tue pas lui-même (on estime qu’Escobar aura éliminé « de ses mains » plusieurs centaines de personnes et plusieurs milliers « sur ordre »). Le fait que le personnage d’Escobar n’arrive pas à nous être totalement antipathique est sans doute la preuve que Moura a touché juste en refusant de jouer la caricature facile d’un monstre.
En 1989, Escobar fut classé par le magazine Forbes à la 7ème place des hommes les plus riches du monde. Il cumulait alors 25 milliards de dollars
Car même si Escobar a en effet souvent agi comme un monstre, c’est bien en tant qu’homme qu’il aimait profondément sa femme et son fils, en tant qu’homme encore qu’il partageait une relation d’amitié sincère avec son cousin, et en tant qu’ « enfant » des bidonvilles de Medellin qu’il fit construire des centaines de maisons pour les plus déshérités. Si le bilan est au final sinistre et que la série n’édulcore en rien les horreurs commises par Escobar, Wagner Moura a le don pour rappeler avec simplicité et quelques attitudes que malgré tous ses crimes, le plus riche des narcos était avant toute chose un membre de l’espèce humaine (aussi déplaisant soit-il d’avoir à le constater). Et puis il y a aussi l’immense talent de Moura à rendre compte de ce génie du mal qu’était Escobar, de sa capacité à rebondir en permanence à son profit, et ce jusqu’à son « oeuvre » de brigand parfaite : négocier la paix des braves avec le gouvernement colombien en se faisant construire une « fausse » prison en guise de véritable forteresse, un bâtiment gardé par ses propres hommes et dont aucun policier ou militaire ne pouvait approcher à moins de 3 kilomètres !
La naissance du Cartel de Medellin; l’un des moments clefs de la série
Sur la réalisation et la mise en scène proprement dite, il n’y a pas grand chose à dire ou à redire sur la série; le rythme effréné des épisodes, (presque) jusqu’à la fin que l’on connait tous, ne laisse pas de place aux cadrages audacieux et à l’approfondissement psychologiques de la plupart des personnages secondaires, même si certaines scènes (comme la poursuite entre Murphy et Poison, le plus « grand » des scicarios d’Escobar) valent largement celles de nombre de films d’action hollywoodiens. L’utilisation répétée d’images d’archives rajoute à l’ ambiance d’époque et permet en outre de « valider » des faits que l’on aurait bien du mal à croire sans cela. Le manque de temps mort est au final à la fois un avantage et un défaut; le spectateur n’a jamais le temps de s’ennuyer, mais l’on regrette parfois que certains personnages ne soient qu’esquissés alors qu’ils portent en eux un vrai potentiel (comme celui de Javier Peña, l’autre agent de la DEA joué par un très bon Pedro Pascal).
Malgré ses quelques défauts, cette première saison de Narcos s’avère donc être une vraie réussite. Rythmée et efficace, avec un grand Wagner Moura, les 10 épisodes se regardent presque d’une seule traite, comme un long film de 10 heures. C’est de très bon augure pour la suite, même si l’on se dit qu’il sera difficile de trouver meilleur « client » que ce vrai diable d’Escobar…
Maj + Spoiler : l’un de nos lecteurs fait remarquer à juste titre que cette critique peut donner l’impression que la saison 1 de Narcos va jusqu’au bout du bout de la vie d’Escobar, ce qui n’est pas tout à fait le cas. Il faut savoir qu’au moment où Escobar s’échappe de sa propre prison en 1992, il ne lui reste alors plus qu’une seule année à vivre (il sera tué par les Forces spéciales colombiennes en 93); étant donné le rythme de la série, il paraît donc totalement improbable que Netflix fasse 10 nouveaux épisodes sur une seule année de cavale alors que la saison 1 passe en revue plus de 10 ans de la vie du brigand; d’où la conclusion de l’article…
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22 Nov. 2024 • 16:35
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