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Alors que la fabrication d’armes entièrement imprimées en 3D — sans numéro de série, sans dépôt légal — prend de l’ampleur dans le monde entier, des experts tentent de combler un vide majeur : comment relier ces armes « fantômes » à leur origine ? Grâce à des études récentes, des traces microscopiques dans le plastique ou des signatures chimiques pourraient devenir des indices précieux pour la police scientifique.
Depuis que le fichier du pistolet Liberator est devenu public en 2013, il est possible de se procurer des plans ou des kits pour imprimer des armes chez soi, sans contrôle légal ni traçabilité. Les forces de l’ordre constatent une montée des saisies d’armes et de pièces détachées produites par impression 3D. Le phénomène ne se limite plus aux États-Unis : l’Europe, et notamment la France, sont aussi concernés.
Selon des enquêtes internationales, les arrestations liées aux armes imprimées en 3D sont en hausse constante depuis quelques années. :contentReference[oaicite:0]{index=0} Des États renforcent leur législation, tandis que les polices adaptent leurs méthodes pour lutter contre ce qui est devenu une menace technologique et criminelle.
Des chercheurs comme Kirk Garrison, aux États-Unis, scrutent les pièces plastiques issues d’impressions 3D avec un microscope. Leur constat : le filament déposé couche par couche, la structure du plateau chauffant, la buse, génèrent des marques uniques — des micro-irrégularités qui se répètent d’un objet à l’autre issu de la même imprimante. Ces caractéristiques, parfois qualifiées de « fingerprints » ou empreintes d’imprimante, permettent de tracer un lien potentiel entre un arme produite en 3D et le modèle d’imprimante utilisé.
Une autre voie de recherche examine les traces chimiques que laissent les polymères utilisés dans les impressions. Une étude menée au Québec a constitué une base de référence des filaments (types de plastique, pigments) avec des méthodes non destructives telles que la spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier (FTIR) ou la spectroscopie Raman. Ces analyses montrent qu’il existe une forte variabilité entre différents matériaux et utilisations, ce qui permet d’identifier, dans certains cas, l’origine d’un fragment plastique lié à une arme.
Dans le cas des empreintes mécaniques, les premiers résultats indiquent qu’il pourrait être possible d’associer une pièce plastique à un modèle d’imprimante avec un taux de réussite autour de 70‑80 %. Toutefois, ces méthodes sont souvent testées sur un nombre limité de modèles, dans des conditions de laboratoire, avec des imprimantes standardisées.
Si le matériel change — une buse différente, un plateau modifié, un filament de qualité ou de couleur distincte — les marques laissées sur la pièce peuvent évoluer ou se diluer. De même, certaines analyses chimiques requièrent que la trace de polymère soit suffisamment importante et bien conservée, ce qui n’est pas toujours le cas sur le terrain. Les pièces peuvent avoir subi des dégradations ou n’être que partiellement intactes.
Des cas de trafic d’armes imprimées en 3D ont été mis au jour en Europe. Par exemple, en France, la gendarmerie nationale, en collaboration avec Europol et la police belge, a démantelé un important réseau après une enquête de deux ans, saisissant plusieurs armes complètes, plus de 500 pièces détachées imprimées en 3D et des imprimantes. Ces opérations illustrent la réalité et l’urgence du phénomène.
« Le travail de l’ensemble de ces personnels a permis la saisie de 8 imprimantes 3D, de 7 armes complètes imprimées en 3D, et plus de 500 pièces détachés d’armes imprimées en 3D, 11 armes de poing conventionnelles de différents calibres, 13 armes d’épaule et plus de 1000 munitions également de différents calibres. », peut-on lire dans le communiqué officiel.
Par ailleurs, des enquêtes médico-légales ont examiné six armes imprimées complètement en 3D, fabriquées avec des imprimantes domestiques, pour tester à la fois leur capacité à tirer, mais aussi les traces laissées sur les munitions, les cartouches et les fragments après usage. Ces études montrent que même si les pièces se détériorent rapidement, certains éléments exploitables demeurent.
Crédits : Gendarmerie, Unité Nationale Cyber
Les techniques de traçabilité des armes 3D ne sont pas encore standardisées, mais elles progressent rapidement. Dans les laboratoires de police scientifique, on pourrait bientôt trouver des protocoles combinant empreintes mécaniques, signatures chimiques et bases de données d’imprimantes afin d’assigner des pièces d’arme à leur origine probable.
Par ailleurs, les plateformes légales devront s’adapter : contrôle des plans numériques, réglementation des matériaux, enregistrement des imprimantes ou pièces critiques, coopération internationale. Les décisions de justice, déjà saisies de cas liés aux armes imprimées, pourraient amorcer un tournant en validant l’usage des preuves issues de ces nouvelles méthodes.
La possibilité de tracer une arme imprimée en 3D jusqu’à sa machine ou son filament n’est plus de la science‑fiction. Cependant, ces méthodes restent en phase de recherche : contraintes matérielles, variabilité des traces, fiabilité à améliorer. Si les techniques actuelles s’avèrent suffisantes, elles pourraient changer profondément l’investigation criminelle et le cadre légal des armes dites « ghost guns ». Le futur est à la convergence de l’additivité, de la spectroscopie et de la forensique numérique — pour que l’impunité ne soit plus l’alliée des armes invisibles.
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12 Sep. 2025 • 20:22