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Après ARM, le régulateur britannique va t-il bloquer un autre rachat d’ampleur ? La CMA vient en tout cas de détailler les griefs qu’elle oppose à ce rachat, et donne furieusement l’impression que les dés sont déjà jetés, entre FUD sur l’hypothétique écrasement du marché du JV par Microsoft et refus obstiné de considérer la situation actuelle ultra dominante de Sony. L’examen du dossier de rachat passe donc en phase 2, une procédure qui pourrait reporter la décision finale jusqu’au mois de mars 2023 (et en l’état, un refus semble plus que probable). Un gros détail saute aux yeux : les arguments de la CMA reposent non pas sur des données brutes ou une quelconque étude de marché, mais bien sur des hypothèses, hypothèses qui au passage renversent cul par-dessus tête la situation actuelle du marché : « La CMA craint que le contrôle total de ce puissant catalogue (d’Activision, Ndlr), compte tenu notamment de la position déjà forte de Microsoft dans le domaine des consoles de jeux, des systèmes d’exploitation et de l’infrastructure en nuage, ne conduise Microsoft à porter préjudice aux consommateurs en entravant la capacité de Sony – le plus proche rival de Microsoft dans le domaine des jeux – à faire face à la concurrence ».
On remarque au passage qu’il n’est plus simplement question de Call of Duty mais du catalogue Activision Blizzard dans sa globalité, la CMA citant notamment les franchises World of Warcraft et Candy Crush. Ce discours rejoint les dernières déclarations de Jim Ryan, à croire que le lobbying du patron de Sony s’est avéré particulièrement efficace. La CMA enfonce le clou et « estime que la fusion pourrait permettre à Microsoft de rendre le contenu d’Activision Blizzard, notamment Call of Duty, exclusif à la Xbox ou au Game Pass, ou de dégrader d’une autre manière l’accès de ses rivaux au contenu d’Activision Blizzard, par exemple en retardant les sorties ou en imposant des augmentations de prix des licences. Ce type de problème est connu sous le nom de verrouillage du marché des intrants ». Acheter des studios pour rendre le contenu exclusif à une plateforme ? Mais quelle drôle d’idée ! Quant à l’augmentation de prix des licences, Microsoft rétorque avec un sens de l’ironie mesurée qu’en l’occurence, c’est bien Sony qui augmente le prix de ses jeux et de sa console sans que d’ailleurs cela n’impacte sa position de leader (ce qui au passage est l’indice assez clair d’une position ultra dominante).
Du bout des lèvres, la CMA reconnait que « PlayStation détient actuellement une plus grande part du marché des consoles de jeu que Xbox », mais ajoute immédiatement que la perte d’une franchise comme Call of Duty pourrait « avoir un impact significatif sur les revenus et la base d’utilisateurs de Sony ». Microsoft tente de recadrer en rappelant que Sony, c’est tout de même une base installée de 150 millions de joueurs (contre 63 millions pour Xbox) et plus de 280 exclusivités sur la génération précédente (5 fois moins sur Xbox). La CMA semble considérer de son côté que la position de Sony est celle d’un géant aux pieds d’argiles et laisse entendre in fine que les God of War, The Last of Us, Spiderman et les accords d’exclusivité passés avec des dizaines de studios tiers ne sont pas grand chose face à l’attractivité du catalogue d’Activision Blizzard (non). Le régulateur marque en revanche un vrai point en avouant douter de la promesse de Microsoft de garder Call of Duty multiplateformes à partir de 2027, soit lors du démarrage de la prochaine génération de consoles !
Jim Ryan peut jubiler : la CMA semble adhérer à la totalité de ses arguments
Et parce qu’après tout pourquoi pas, la CMA tacle aussi la stratégie cloud gaming de Microsoft et juge que le service Game Pass deviendrait alors totalement irrésistible avec le catalogue Activision blizzard en exclusivité et en day one. Et là encore, c’est l’intégralité du catalogue qui est cité. Beaucoup plus surprenant, la CMA semble même refuser que Microsoft modifie le secteur du JV à son profit, ce qui est pourtant le cas dans toutes les approches disruptrices (arrivée du démat, l’iPhone dans le secteur mobile, etc.) : « La CMA considère que cette évolution vers le cloud gaming et les services d’abonnement multi-jeux représente une opportunité de remodeler le paysage concurrentiel dans l’industrie du jeu. Microsoft a fait valoir qu’il a perdu la « guerre des consoles » au profit de Sony et de Nintendo à chaque génération de consoles. Microsoft a expliqué qu’il a lancé le Xbox Game Pass en grande partie en réponse au manque de succès de Xbox dans la guerre des consoles ». Que la majorité des éditeurs mangent dans la main de Sony n’est donc pas un problème de concurrence pour la CMA, mais que Microsoft tente de changer la donne pour revenir au premier plan serait donc proche du scandale absolu. Entre les lignes, on comprend que Microsoft serait sans doute un concurrent plus présentable pour la CMA s’il acceptait de continuer à se faire marcher dessus une génération de plus.
La pique n’est pas gratuite étant donné que la CMA considère bien que malgré la domination actuelle de Sony (qu’elle reconnait dans un souffle) la situation pourrait bien s’inverser avec Activision Blizzard dans la besace de Microsoft. La remarque est certes pertinente, mais pose vraiment question : en quoi serait-il inacceptable que Sony passe de la première à la seconde place du marché de consoles, sachant qu’il serait totalement absurde de penser que le fabricant puisse disparaitre du marché du JV suite à cette acquisition ? C’est pourtant ce que laisse entendre la CMA, l’autre option étant de considérer qu’il y aurait une sorte de logique « naturelle » du marché du JV à ce que PlayStation reste leader.
L’un des derniers passages du long document de la CMA permet aussi de comprendre que le régulateur a été particulièrement attentif aux arguments défendus par Sony :« Sony Interactive Entertainment a fait valoir à la CMA que CoD compte un grand nombre d’utilisateurs sur PlayStation, et qu’une partie importante de ces joueurs passe la majorité de son temps à jouer à CoD. CoD est une source de revenus particulièrement importante pour PlayStation, le jeu ayant la notoriété la plus élevée de toutes les franchises tierces. La CMA a compris de SIE que la base de fans de CoD est très fidèle à la franchise, et que le fait d’avoir accès à la franchise CoD est probablement une priorité pour un grand nombre de joueurs. SIE a fait valoir à la CMA que si CoD était exclusivement disponible sur Xbox et/ou XGP, cela pourrait gravement nuire à sa capacité à exercer une concurrence effective. » Mais la crainte de Sony est-elle vraiment ici de perdre sa capacité « à exercer une concurrence effective »… ou de perdre sa position de leader du marché du JV ? La CMA semble déjà avoir tranché de son côté.
Les choses étant posées comme elles le sont, il semble désormais peu probable que le rachat soit validé par la CMA, et donc validé tout court, les arguments du régulateur britannique tenant lieu le plus souvent de prophéties impossibles à vérifier… et donc à contre-carrer. S’il suffit de jeter la pièce en l’air et de dire que sans Call of Duty Sony est fichu, alors l’affaire est effectivement pliée, à moins qu’entre temps Microsoft ne trouve un moyen d’envoyer Phil Schiller dans le futur pour vérifier que PlayStation se dore toujours la pilule après la sortie de God of War 7.
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21 Nov. 2024 • 22:43
21 Nov. 2024 • 20:09
21 Nov. 2024 • 18:56
21 Nov. 2024 • 18:44
Dans le cas présent, l’article parle en effet du régulateur Britannique, mais le dossier est aussi à l’étude en UE et aux US notamment via la FTC.
J’espère avoir aidé 👍🏻