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Il aura été l’un des « maitres spirituels » de toute une génération de réalisateurs, de Peter Jackson (Le Seigneur des Anneaux) à Georges Miller (Mad Max) en passant par Tarantino (Pulp Fiction). Roger Corman est mort à l’âge de 98 ans. Le réalisateur américain savait mieux que quiconque tirer tout le suc d’un budget minuscule pour en faire un film réellement potable, et parfois mieux encore. Réalisateur d’une cinquantaine de films, Corman a aussi lancé la carrière d’acteurs prestigieux, avec en tête de liste l’immense Robert de Niro ou bien encore Jack Nicholson. Boudé presque toute sa vie par Hollywood et les cérémonies de récompenses, le génial créateur de La chute de la Maison Usher ou de la Petite Boutique des Horreurs recevra enfin un Oscar d’honneur en 2015, comme une forme de reconnaissance tardive pour un réalisateur d’une intelligence redoutable concernant les modalités et les contraintes de la production cinématographique.
Capable de tourner un film en quelques jours (2 jours et une nuit pour La petite boutique des horreurs), Corman tenait sans doute de sa formation d’ingénieur (à Standford tout même) sa capacité à bricoler des effets spéciaux ou des décors à partir de presque rien. « L’une des pires choses que l’on puisse faire est de disposer d’un petit budget et d’essayer d’en tirer un film à grand spectacle. C’est comme cela que l’on se retrouve avec un navet » dira t-il un jour, un adage qui n’a visiblement pas été bien compris du côté de Disney et de certaines grosses écuries hollywoodiennes.
Politiquement, Roger Corman était très marqué à gauche, un positionnement idéologique qui infusera dans nombre de ses films comme It Conquered the World (1956), une critique acerbe du maccarthysme, ou The Intruder (1961), qui cible la ségrégation raciale américaine. Passionné d’Allan Poe (dont il adaptera trois oeuvres), Roger Corman est le symbole d’une époque révolue du cinéma bis (déjà Pulp) et de ses sublimes affiches illustrées, une époque traversée aussi par l’immense acteur Vincent Price, le comédien fétiche de Corman.
L’ironie de l’histoire veut que Corman soit largement méconnu du grand public alors même que les films du réalisateur auront bâti les fondations du cinéma d' »entertainment » moderne, du blockbuster de film de genre. Comme il n’est jamais trop tard pour combler ses lacunes en cinéphilie, on vous conseille vivement cher lecteur de visionner quelques uns des chefs d’oeuvre de Corman, comme Le Masque de la mort rouge, Le Corbeau, La chute de la Maison Usher, La Petite Boutique des Horreurs, La Malédiction d’Arkham ou bien encore The Intruder.
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